« Jouer pour la nulle avec les pièces blanches est, en quelque sorte, un crime contre le jeu d'échecs. »
- Mikhail Tal

Il n'y a pas toujours un gagnant aux échecs.  Même que dans l'élite des échecs, il y a aussi souvent de parties nulles que de parties avec un gagnant!  Mais comment obtient-on une partie nulle me demandez-vous?  Eh bien, il y a 7 façons d'y arriver, soit lorsque:

• il y a accord commun de la part des deux joueurs;
  
  
• un des joueurs est «pat»;
  
  
• une même position revient 3 fois dans la partie;
  
  
• le matériel sur l'échiquier est insuffisant pour qu'il y ait un mat de part et d'autre;
  
  
• 50 coups de suite ont été joués sans qu'il y ait de mouvement de pions ou de capture;
  
  
• il y a échecs perpétuels;
  
  
• Chute du drapeau alors que l'adversaire ne dispose pas du matériel pour mater.

Examinons en détail chacune de ces situations.

 

Accord commun des joueurs

Il arrive parfois qu'aucun des deux joueurs n'arrive à avoir un avantage sur l'autre lors d'une partie, ou encore qu'ils perdent intérêt à jouer une position qui est devenue terne.  Les joueurs peuvent alors convenir de terminer la partie sur-le-champ en proposant de faire une partie nulle.  Lorsque les joueurs utilisent une pendule, il peut y avoir d'autres motifs pour proposer une partie nulle. Par exemple, un joueur détient une position gagnante sur son adversaire mais croit qu'il n'a pas suffisemment de temps à la pendule pour concrétiser cet avantage en victoire. En fait, presque toutes les raisons sont valables pour autant que les joueurs s'entendent.  Les seules exceptions à cette règle peuvent arriver lors d'un tournoi officiel. En effet, il arrive que certains organisateurs interdisent cette pratique dans les tounois réservés à l'élite afin d'éviter que les joueurs optent pour certaines stratégies qui pourraient influencer les résultats du tournoi et pour offrir aux spectateurs la chance d'assister à un plus grand nombre de batailles épiques sur l'échiquier.

Officiellement, un joueur doit toujours jouer son coup avant de proposer une partie nulle à son adversaire.   L'adversaire doit alors accepter ou refuser la proposition.  Si la proposition est refusée, la partie doit alors continuer. Il n'y a auncune limite quant au nombre de fois qu'un joueur peut proposer la partie nulle à son adversaire. Toutefois, l'adversaire peut mentionner à l'arbitre du tournoi que ce dernier est victime d'offres abusives. L'arbitre pourrait alors donner une sanction au joueur fautif. Si l'offre est déclinée, il est habituellement de mise de ne pas répéter l'offre car l'adversaire a déjà été informé de l'intention de l'autre joueur. Si l'adversaire juge qu'il peut accepter l'offre un peu plus tard, il n'aura qu'à proposer lui-même de faire partie nulle à ce moment. Il est à noter que l'autre joueur n'est pas tenu d'accepter à son tour car le contexte de la partie pourrait avoir changé et la partie nulle n'est peut-être plus une option pour ce dernier.

 

Le pat

Si le roi d'un joueur n'est pas en échec et que le joueur ne dispose plus de coup légal, le joueur se trouve donc «pat».  La partie est alors déclarée nulle.  Dans le diagramme ci-dessous, le trait est aux noirs mais ils ne peuvent jouer aucun coup!  Si le roi noir avait été en échec, les noirs auraient été matés.  Malheureusement pour les blancs, le roi noir n'est pas en échec et les noirs ne disposent d'aucun coup légal: la partie est donc nulle.  Les blancs ont laissé filer la victoire...

Diagramme 5.9 - Les noirs sont pat

Voici quelques exemples communs de pat arrivant contre un roi seul. Dans toutes les positions ci-dessous, le trait est au joueur noir. Le joueur blanc dans ces positions n'a pas été très prudent puisqu'il aurait été logique qu'il gagne la partie avec l'avantage matériel qu'il avait sur son adversaire...

Diagramme 5.10 - Les noirs sont pat	Diagramme 5.11 - Les noirs sont pat
Diagramme 5.12 - Les noirs sont pat

Je recommende au joueur blanc des positions ci-haut d'appendre à mater un roi seul... ça tombe bien puisqu'il peut le faire dans la leçon 8!

 

Position qui revient 3 fois dans la partie

Si une même position revient trois fois dans la partie, le joueur qui a le trait peut exiger une partie nulle.  C'est la règle de «répétition des coups».  Les pièces doivent toutes être à la même position et le contexte de la partie doit être le même : le trait doit être au même joueur et chacun des joueurs doit avoir les mêmes possibilités au niveau du roque. Pour parvenir à trouver et prouver une telle situation, il faut noter tous les coups de la partie.  Nous verrons comment on note les coups d'une partie lors de la prochaine leçon.

 

Matériel insuffisant

Cette situation arrive lorsque les deux joueurs n'ont plus suffisamment de matériel sur l'échiquier pour mater le roi adverse.  Des études ont déjà été faites pour déterminer quel est le matériel minimum nécessaire pour pouvoir mater un roi.   Voici les configurations qui donnent une partie nulle:

• un roi contre un roi
• un roi contre un roi et une pièce mineure (fou ou cavalier)
• un roi contre un roi et deux cavaliers

 

50 coups sans mouvement de pion ni capture

Si un joueur se trouve en difficulté, il pourra se servir de cette règle pour forcer la partie nulle.  En effet, imaginons que les noirs ne disposent plus que de leur roi et d'un fou pour jouer et que les blancs ont un roi et une tour.  Les noirs savent qu'ils n'ont pas de matériel suffisant pour mater les blancs.  Ils vont donc essayer de jouer 50 coups sans qu'il n'y ait de capture ni de mouvement de pion (ou un mat...) pour obtenir une partie nulle.  Les blancs doivent donc mater le roi noir le plus tôt possible...

 

Échecs perpétuels

Si un joueur parvient à mettre en échec le roi adverse continuellement (à tous les coups) sans réussir à le mater, ce joueur peut forcer la partie nulle.  Cette règle est souvent un dérivé de la règle de la même position qui revient 3 fois dans la même partie puisque le joueur qui donne les échecs arrivera à obtenir la même position plusieurs fois.  Dans l'exemple ci-dessous, les noirs menacent de faire mat au prochain coup (dame en b1, mat).  Les blancs ne peuvent pas parer cette menace sans sacrifier beaucoup de matériel.  S'ils sacrifient du matériel, ils perdront la partie de toute façon.   Ils ont cependant une chance de faire une partie nulle en faisant des échecs perpétuels de cette façon:

Blancs : dame en c8, échec Noirs : roi en h7 (sinon leur seul autre coup possible serait dame en d8 et elle se ferait capturer) Blancs : dame en h3, échec Noirs : roi en g8 Blancs : dame en c8, échec et ainsi de suite...	Diagramme 5.13 - Les blancs obtiennent la nulle avec des échecs perpétuels

Si vous avez une position perdante, essayez de voir si vous ne pouvez pas soutirer une partie nulle à l'aide de cette règle...

 

Chute du drapeau alors que l'adversaire ne dispose pas du matériel pour mater

Dans la plupart des parties organisées (dans des clubs ou dans des tournois...), le temps imparti à chaque joueur pour la partie est chronométré.  Par exemple, une des cadences pour des parties régulières est que chaque joueur doit effectuer 40 coups en deça de 2 heures.   Il y aura une partie nulle si l'un des deux joueurs n'a plus de temps à sa pendule et que son adversaire ne diposent pas de matériel suffisant pour mater l'autre joueur. Vous trouverez dans la section « notions supplémentaires » un peu plus loin quelques informations sur la pendule et les cadences.

Continuons la leçon avec la page suivante sur la promotion.