Leçon 11 - Synthèse sur la tactique aux échecs : méthode pour trouver des combinaisons

La matériel que nous verrons ici est très avancé et si vous tombez directement sur cette page après avoir effectué une recherche à l'aide d'un moteur de recherche (Google, Bing, etc.), je vous conseille de consulter les leçons précédentes sur les tactiques (leçon 9 et leçon 10) avant de plonger dans la théorie ci-dessous. Ces leçons vous donneront la base sur les trucs et astuces, qui sont regroupés sous le concept de tactiques aux échecs.

Si vous ne savez pas comment lire et écrire une partie d'échecs, je recommende la leçon sur la notation algébrique avant de poursuivre ce tutoriel.

Ok... nous savons maintenant ce que sont les combinaisons... et avec les exemples que nous avons étudiés, nous pouvons avoir l'impression qu'elles tombent du ciel!  C'est comme si le joueur qui l'a trouvée a eu un «flash» soudain et que les coups défilent dans sa tête comme par magie... eh bien il y a un peu de vérité là-dedans.   Pour les joueurs de l'élite, leur habileté à imaginer et à calculer des variations de coups est telle qu'ils peuvent plus facilement dénicher les combinaisons.  Tout n'est pas perdu cependant!  Le joueur amateur peut réussir à trouver de belles combinaisons en mettant en pratique les quelques petits trucs et astuces qui sont expliqués dans les prochaines lignes...

Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on veut essayer de comprendre ce qui se passe dans la tête d'un très fort joueur d'échecs.  C'est encore plus vrai lorsqu'on parle de combinaisons et de tactiques.  Comment peuvent-ils trouver des combinaisons qui impliquent 4 à 12 coups?  s'agit-il d'une simple habileté à calculer des variations mentalement et se croiser les doigts pour la suite?

Quelques maîtres ont déjà tenté de résoudre cette énigme et ils ont essayé de transmettre leurs trouvailles et leurs observations aux joueurs amateurs.  Nous allons étudier les petits trucs et astuces qui, selon eux, aident à déterminer si une position donnée contient une possibilité de combinaison.  Lorsque nous serons conditionnés à trouver ces positions, nous serons alors en mesure, à l'aide de calculs, de voir si des combinaisons s'y cachent...

Dans le cadre de cette leçon, nous étudierons les théories de deux maîtres qui ont creusé la question.  Dans un premier temps, nous serons introduits à la théorie d'Averbakh pour ensuite goûter aux théories de Silman.

Règles de reconnaissance d'Averbakh

Yuri Lvovich Averbakh (né en URSS en 1922, grand-maître en 1952, champion d'URSS en 1954) considère que la plupart des combinaisons sont basées sur des menaces multiples (fourchettes et attaques à la découverte [voir leçon 9], menace de mat [voir leçon 8], ...).  Averbakh entend, par menaces multiples, les coups qui menacent plus d'une chose à la fois, incluant la capture d'une pièce et tout autre menace ( comme la possibilité d'un mat par exemple ).  Ça veut donc dire que si vous voyez un coup qui vous permettrait d'exécuter une double menace, vous feriez mieux de vous concentrer un peu plus sur cette possibilité et de calculer toutes les variations favorables à l'exécution de cette menace double.  Cette règle vient alors vous aider à trouver des possibilités de combinaisons sans toutefois vous donner la façon de faire!  Le joueur suivra ensuite son instinct et sa force de calculs pour déterminer si, oui ou non, la menace multiple peut être exploitée.

 

Règles de reconnaissance de Silman

Jeremy Silman (maître international des États-Unis, professeur, auteur et joueur d'échecs de renommée mondial) va un peu plus loin dans son analyse en insistant sur le fait qu'une combinaison ne peut pas survenir sans qu'un ou plusieurs des facteurs suivants ne soient présents:

  • Un roi ennemi faible (couverture de pions faible, absence de défenseurs près du roi) ou occupant une position très ouverte;
  • Un roi ennemi emprisonné (aucun coup légal n'est à sa portée);
  • Des pièces ennemies qui ne sont pas protégées;
  • Des pièces ennemies qui sont protégées de façon inadéquate (protégée par une pièce surchargée?  Ou par une pièce qui peut être clouée?);

Si vous notez qu'un ou plusieurs de ces facteurs se retrouvent sur l'échiquier, Silman conseille de regarder pour une combinaison.  Cependant, si aucun de ces facteurs se trouvent dans la position, la chance de voir une combinaison se matérialiser est très faible...

Comme vous voyez, il n'existe pas de formules magiques ou scientifiques pour dénicher des combinaisons toutes préparées... et c'est bien tant mieux!!!  Le jeu d'échecs serait beaucoup plus ennuyant si une telle formule existait...

Les deux théories ci-haut se basent sur un concept que nous avons déjà abordé dans la leçon 7 sur les phases du jeu lors que je citais le joueur Max Euwe qui a dit que «La stratégie requiert de la réflexion;la tactique requiert de l'observation.».  En effet, les deux théories ci-dessus appuient bien cette fameuse citation puisque les deux «théoriciens» nous livrent leurs secrets sur des bases d'observation.  Alors, pour clore cette leçon, nous allons tenter d'appliquer ces règles dans des études de cas et voir si on ne pourrait pas réussir à créer de belles combinaisons tactiques...

Pour ceux qui désirent creuser plus à fond le domaine des combinaisons, je vous propose les livres ci-dessous.

Mettons en pratique les éléments des méthodes expliquées ci-haut avec la première étude de cas à la page suivante.