Leçon 9 - Les tactiques de base aux échecs : la fourchette
« Les échecs, c'est 99% de tactiques. »
- Richard Teichmann
Si vous ne savez pas comment lire et écrire une partie d'échecs, je recommende la leçon sur la notation algébrique avant de poursuivre ce tutoriel.
Comme nous avons eu la chance de le voir dans des leçons précédentes, la fourchette est une manoeuvre tactique dans laquelle une pièce attaque plusieurs pièces ennemies en même temps. Cette manoeuvre conduit souvent à un avantage matériel pour le joueur qui l'exécute. Voyons en détails la façon de faire des fourchettes avec chacune des pièces.
Le cavalier
Beaucoup de joueurs débutants vont craindre le cavalier à cause, justement, de sa réputation à propos de sa possibilité de faire des fourchettes qui surprennent. Un de ses plus grands avantages c'est qu'il force souvent la ou les pièces qui se trouvent sous sa menace de bouger pour ne pas se faire capturer (sauf, bien sûr, si une des pièces menacées est un cavalier...). Ça lui permet donc de réaliser des fourchettes plus efficaces que les autres pièces. Voici des exemples de fourchettes données par un cavalier:
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.5 - Fourchette simple contre 2 tours donnée par un cavalier |
|
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.6 - Fourchette quadruple donnée par un cavalier |
|
Comme on le voit dans le deuxième exemple, on appelle «fourchette royale» une fourchette qui implique le roi et la dame ennemis.
Il est vrai que les fourchettes de cavaliers sont surprenantes. Toutefois, le cavalier ne peut pas attaquer des cases de différentes couleurs en même temps. Donc, pour vous prémunir contre les fourchettes de cavalier, essayez d'adopter le réflexe de ne pas mettre toute votre artillerie lourde sur des cases de la même couleur lorsqu'un cavalier ennemi rôde dans le coin.
Le fou
Le fou peut attaquer jusqu'à 4 pièces en même temps mais une fourchette de fou implique habituellement 2 pièces ennemies puisque s'il attaque plus de 2 pièces dans une fourchette, ça implique qu'il attaquait déjà une des pièces auparavant. Ses possibilités sont réduites par rapport au cavalier puisqu'il est toujours condamné à attaquer des cases de la même couleur. Un joueur peut donc se prémunir contre les fourchettes d'un fou en plaçant ses pièces sur des cases de la couleur opposée de ce dernier. Voici des exemples de fourchettes données par le fou:
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.7 - Fourchette simple contre 2 tours donnée par un fou |
|
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.8 - Fourchette du fou impliquant le roi ennemi |
|
Il faut porter attention au dernier exemple... cette fourchette impliquant le roi et la tour qui sont sur leur case d'origine arrive assez souvent...
La tour
Tout comme le fou, même si elle peut attaquer 4 pièces en même temps, une fourchette de tour implique habituellement 2 pièces ennemies. Il est plus difficile de se prémunir contre des fourchettes de tour puisqu'elle a la possibilité de contrôler les deux couleurs de l'échiquier. Voici des exemples de fourchettes données par une tour:
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.9 - Fourchette simple donnée par une tour |
|
La tour dans l'exemple précédent menace à la fois le fou en g1 et le pion en g6. Toutefois, comme nous l'avons vu dans la page précédente sur l'attaque à la découverte, les noirs peuvent se tirer d'affaire avec le coup intermédiaire 1... Fd4+. Les blancs doivent parer l'échec et les noirs pourront protéger leur pion g6 par la suite. Cet exemple montre bien qu'il faut toujours regarder toutes les possibilités qui s'offrent à nous avant de jouer...
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.10 - Fourchette de la tour impliquant le roi ennemi |
|
La tour exécute habituellement ses fourchettes en fin de partie puisqu'elle a besoin de beaucoup d'espace pour être efficace.
La dame
La dame, combinant la démarche du fou et de la tour, se caractérise par sa grande facilité à faire des fourchettes. Elle peut être vraiment dévastatrice lorsqu'elle a de l'espace pour manoeuvrer. Voici des exemples de fourchettes données par la dame:
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.11 - Fourchette multiple donnée par une dame |
|
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.12 - Fourchette contre 2 pions en début de partie |
|
Dans le dernier exemple, la fourchette est moins évidente puisque le pion d5 est protégé. Mais si on observe bien, on voit qu'il est protégé 2 fois (par la dame et le cavalier f6) et attaqué 2 fois par les blancs (par le cavalier en c3 et le fou en g2) avant le déplacement de la dame. En se plaçant sur la case b3, la dame devient le troisième attaquant sur le pion d5 et attaque aussi le pion b7. Les noirs ne peuvent défendre seulement qu'un d'entre eux...
Le roi
Le roi peut aussi donner des fourchettes, quoiqu'il est beaucoup plus prévisible que les autres pièces à cause de sa démarche «lente». Voici des exemples de fourchettes données par le roi:
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.13 - Fourchette donnée par un roi |
|
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.14 - Autre fourchette donnée par un roi |
|
Le pion
Le pion est la pièce la plus économique pour donner des fourchettes. En effet, étant la pièce ayant le moins de valeur, les joueurs hésiteront beaucoup avant de l'échanger contre une pièce de plus grande valeur. Voyons des exemples de fourchettes données par des pions:
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.15 - Fourchette donnée par un pion |
|
![]() ![]() ![]() Diagramme 9.16 - Autre fourchette donnée par un pion |
|
En ajoutant la fourchette à votre arsenal tactique, vous réussirez à obtenir un avantage dans vos parties à plusieurs occasions. Mais méfiez-vous: vous allez certainement vous faire surprendre vous aussi!
Poursuivons notre aventure dans le monde tactique avec la page suivante sur le clouage.